Interview avec Lola LAFON

Écrivaine, chanteuse et compositrice

Marraine du Festival MOT' POUR MOTS édition 2025. 

Invitée de Mot pour Mots en 2023, l’autrice de “Quand tu écouteras cette chanson” y revient en marraine pour cette édition 2025. 

On l’a attrapée entre deux salons littéraires, qui ponctuent sa vie depuis la sortie, en janvier, d’“Il n’a jamais été trop tard” (Stock). 

Propos recueillis par Raphaëlle Leyris 

Quels rapports entretenez-vous avec les festivals littéraires ?

L’idée des festivals et des salons a pour moi un côté joyeux : deux ou trois mois avant la sortie d’un livre, on commence à recevoir des demandes pour divers événements à travers la France, et le fait de savoir qu’il y a un désir de vous voir et de vous entendre est déjà très agréable. Cela donne du courage. Et puis l’on sait qu’il va y avoir une petite colonie d’auteurs et d’autrices avec lesquels on va se retrouver d’un événement à l’autre, et cela aussi est très joyeux. 

Avec les festivals, il y a une excitation qui est proche de celle qu’on éprouve avant de monter sur scène, parce qu’on se retrouve à parler devant de grandes salles. Dans les librairies, les conversations sont plus intimes, ce qui me plaît aussi, mais d’une manière différente. 

Le corollaire, c’est que les festivals sont aussi le synonyme d’une forme d’épuisement. Quand vous les enchaînez, et que vous prenez à nouveau le train, vous vous dites qu’il va faire très chaud, qu’il va y avoir beaucoup de monde et que vous êtes fatiguée… Mais, bizarrement, une fois sur scène, cette impression passe. Vous n’êtes plus fatiguée, vous avez envie de parler. C’est tellement réconfortant de penser qu’il y a encore des gens qui ont envie de venir écouter parler de livres et d’en discuter.

Vous avez déjà participé à Mot pour Mots, quel souvenir en avez-vous gardé ?

J'ai participé à l'édition 2023, c'était après la sortie de " Quand tu écouteras cette chanson" (Stock, 2022), qui avait paru au mois d'août précédent. Et j'étais si fatiguée que j'étais malade – une bronchite que n'en finissait pas. Le corps ne tenait plus, mais j'avais quand même envie d'être la : une version exacerbée de ce que je décrivais plus tôt. Et j'en garde un très bon souvenir. D'autant que la Villette est un des lieux de Paris que je préfère.

Pour l’une de vos cartes blanches, vous avez souhaité dialoguer avec l’écrivaine et traductrice Valérie Zenatti. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?

Il y a quelque chose dans son travail qui m’est familier, en particulier dans sa façon d’être multiple, tout en restant absolument elle. Le fait que, traductrice [notamment de l’écrivain israélien Aharon Appelfeld], elle réussisse à faire une œuvre romanesque, et qu’elle parvienne à la fois à être cette personne par définition « invisible » et à créer une visibilité littéraire, cela m’intéresse. Elle est aussi scénariste, ce qui veut dire que, dans l’ombre, elle coud la narration, et de cela aussi elle parvient à faire quelque chose de littéraire. Elle est toujours à une place romanesque différente. Et puis j’aime beaucoup sa langue. Il y avait pour moi une sorte d’évidence à l’inviter.

Vous participez aussi à une discussion avec Adèle Yon, prix littéraire du “Nouvel Obs” avec un premier livre très remarqué, “Mon vrai nom est Elisabeth” (Sous-sol)...

Comme je suis obsédée par la forme, quand je vois que quelqu’un surgir, qui va s’aventurer un peu dans cette question, et pas uniquement se préoccuper de la narration, quelqu’un qui va tenter des choses, cela me fait très plaisir. J’ai vraiment été séduite par ce qu’Adèle Yon a su insuffler à cette histoire. Et je suis heureuse de parler avec une jeune autrice. Je sais que, dans le fait d’avoir écrit un premier livre très remarqué, il peut y avoir quelque chose d’un peu écrasant. C’est un beau cadeau, mais cela pèse son poids. Alors, une partie de moi a envie de lui porter de l’attention aussi pour cette raison.

Comme le festival débute le 21 juin, il sera largement question de musique. 
Vous-même avez mêlé la littérature et la musique, publié des albums, créé des spectacles musicaux… 
Comment réfléchissez-vous à l’articulation entre ces deux arts ?

Comme je suis obsédée par la forme, quand je vois que quelqu’un surgir, qui va s’aventurer un peu dans cette question, et pas uniquement se préoccuper de la narration, quelqu’un qui va tenter des choses, cela me fait très plaisir. J’ai vraiment été séduite par ce qu’Adèle Yon a su insuffler à cette histoire. Et je suis heureuse de parler avec une jeune autrice. Je sais que, dans le fait d’avoir écrit un premier livre très remarqué, il peut y avoir quelque chose d’un peu écrasant. C’est un beau cadeau, mais cela pèse son poids. Alors, une partie de moi a envie de lui porter de l’attention aussi pour cette raison.

Le festival s’appelle MOT pour Mots, pouvez-vous citer un mot que vous aimez particulièrement ?

Il y a des mots que j’aime de tous temps et d’autres qui s’ajoutent selon les années, les saisons. En ce moment, ma préférence va à l’adverbe « malencontreusement ». Je crois que je ne l’ai jamais écrit dans un livre, mais je le trouve à la fois très beau et tellement parfait, tellement riche, plein d’ironie… Absolument français !

Et y a-t-il des mots auxquels vous pensez avoir trop souvent recours, et que vous vous retrouvez à chasser quand vous vous relisez ?

Il y en a un nouveau pour chaque livre. Pour “Il n’a jamais été trop tard”, je me suis rendu compte deux jours avant de rendre le manuscrit que j’employais sans arrêt « Comme » en tant qu’adverbe exclamatif. Je crois que j'en ai pleuré. J’ai passé deux jours à chercher les occurrences et à les remplacer.