Armé de son seul sac matelot, Philippe Jaenada a imposé un style (avec un abus de parenthèses qui ne nuit pas du tout à la santé) et un genre : la contre-enquête littéraire. Après s’être emparé de cold cases comme l’affaire Pauline Dubuisson (La Petite Femelle, éd. Julliard, 2015) ou le crime impliquant Georges Arnaud (La Serpe, éd. Julliard, prix Femina 2017), il s’est penché dans son dernier livre, Sans preuve et sans aveu (éd. Mialet-Barrault, 2022), sur le dossier, très actuel celui-là, d’Alain Laprie, un sexagénaire bordelais accusé du meurtre de sa tante. Jaenada aurait-il fait école ? Deux écrivains saluent son travail dans leurs récents romans. D’abord Grégoire Bouillier, auteur de Rapport sur moi (éd. Allia, 2002) et du Dossier M (éd. Flammarion, 2017). Dans Le cœur ne cède pas (éd. Flammarion, 2022), il tente d’élucider les raisons qui ont poussé Marcelle Pichon, une ancienne mannequin, à se laisser mourir de faim. Ensuite, Monica Sabolo, qui a signé, entre autres, les délicats Summer (éd. JC Lattès, 2017) et Éden (éd. Gallimard, 2019). Dans La Vie clandestine (éd. Gallimard, 2022), elle remonte la piste des anciens d’Action directe, dont la violence fait écho à celle qu’elle a connue enfant. Rencontre avec trois enquêteurs romanciers (ou l’inverse).