Au sein de la bibliographie de Didier Eribon, spécialiste de Bourdieu, biographe applaudi de Foucault, auteur aussi du remarqué Réflexions sur la question gay (éd. Flammarion, 1999), un ouvrage rayonne plus particulièrement : Retour à Reims, le récit paru il y a quatorze ans, aux éditions Fayard, dans lequel il raconte son parcours de transfuge de classe. L’enfant des milieux populaires, né en 1953, devenu professeur d’université, y mêle autobiographie et approche sociologique pour réfléchir à son itinéraire, embrasser le monde social d’origine qu’il a quitté et ce qui désormais l’en sépare. Des motifs qui reviennent dans l’âpre et nécessaire Vie, vieillesse et mort d’une femme du peuple (éd. Flammarion), paru ce printemps. Didier Eribon s’y penche sur le destin de sa mère et son décès, en 2017, quelques semaines après avoir quitté son domicile pour résider dans un Ehpad. Pour, à travers elle, se faire le porte-parole des personnes âgées dépendantes, et « constituer la question de la vieillesse comme une question politique ».