Marie-Hélène Lafon approfondit, à la diagonale d’elle-même, le journal intime d’un pays intérieur. Du Soir du chien, son premier livre, aux Sources (éd. Buchet-Chastel, 2001 ; 2023), son écriture sinueuse, spiralée, alterne les points de vue pour faire chanter les solitudes, glissant, d’un ouvrage à l’autre, vers une chronologie subjective émaillée de dates – acmés entrelaçant les vies dans un chapelet affectif, notamment dans Histoire du fils (éd. Buchet-Castel, prix Renaudot 2020). Une arborescence de motifs lancinants, où le personnage secondaire d’une nouvelle force la porte du roman pour revenir en personnage principal, et faire du Cantal, pays d’enfance, brûlure autobiographique, une matière assimilable. Une traversée intime du XX^e siècle où se lit la disparition de l’univers des origines, la petite agriculture de montagne. Dans cette œuvre-contrée, les morts ont la parole autant que les vivants. Marie-Hélène Lafon écrit pour dire l’indicible, faire chuchoter les non-dits – comme on peint.