La prostitution, les plages, la virilité, les cloches, le silence, l’ignorance… Une première évidence s’impose, quand on ouvre à la page « du même auteur » un livre d’Alain Corbin : le grand historien du sensible, né en 1936, n’a cessé d’étonner et d’innover par le choix de ses sujets de recherche, dont il a fait autant de voies à défricher. Depuis Le Miasme et la Jonquille. L’odorat et l’imaginaire social (XVIII-XIXsiècles) (éd. Flammarion, 1982), jusqu’au tout récent Histoire du repos (éd. Plon), en passant par Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (éd. Flammarion, 1998) ou L’Harmonie des plaisirs. Les manières de jouir du siècle des Lumières à l’avènement de la sexologie (éd. Perrin, 2008) – une vingtaine d’essais, ponctués par des livres collectifs, souvent codirigés avec Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello, tels les trois volumes d’Histoire du corps (éd. Seuil, 2005-2006) –, ce travail unique, d’une inventivité jamais tarie, a bouleversé en profondeur l’historiographie des quarante dernières années.