Pour se lancer dans le roman en osant réécrire L’Étranger d’Albert Camus, mieux vaut ne pas avoir froid aux yeux. Kamel Daoud, né en 1970 près de Mostaganem (Algérie), n’a jamais eu froid aux yeux. Depuis qu’il a remporté le prix Goncourt du Premier roman 2015 avec Meursault, contre-enquête (éd. Barzakh/Actes Sud), il s’est imposé comme l’une des plumes les plus libres du Maghreb et d’ailleurs, toujours attentif à la cause des femmes, critiquant aussi bien l’islamisme que le régime de son pays natal et les réflexes coloniaux dont l’Europe peine à se déprendre. Auteur de chroniques vibrantes, rassemblées dans Mes indépendances (éd. Actes Sud, 2017), mais aussi d’une parabole existentielle comme Zabor ou les psaumes (éd. Actes Sud, 2017), Kamel Daoud est à l’affiche d’une exposition à l’Institut du monde arabe à Paris (jusqu’au 31 juillet) : ses textes y accompagnent des photographies prises en Algérie par le grand Raymond Depardon. Tous deux en ont tiré un livre, Son œil dans ma main, paru aux éditions Barzakh et Images plurielles.

Une légende vivante. Raymond Depardon, ce maître du photoreportage et du film documentaire, est né en 1942 à Villefranche-sur-Saône. Depuis, il a couvert les guerres d’Algérie et du Vietnam, cofondé l’agence Gamma en 1966, et suivi la campagne présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Mais il a aussi mis en images les guerres du Liban et d’Afghanistan, le monde paysan, le milieu psychiatrique, un président de la République nommé François Hollande, l’extraordinaire théâtre ordinaire de la 10chambre du tribunal correctionnel de Paris... Lauréat de nombreux prix, réalisateur de dizaines de films et auteur d’au moins autant de beaux livres, il est actuellement à l’affiche d’une exposition à l’Institut du monde arabe à Paris avec Kamel Daoud.

©Philippe-Matsas

Suivi d'une séance de signature.